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Accueil » Blog » Yassir : la super-app qui bouscule le VC africain

Yassir : la super-app qui bouscule le VC africain

Dernierre mise à jour 4 novembre 2025 10:19
L. Lumen
Published: 4 novembre 2025
Angel investor FinTech FoodTech Investisseur Levée de fonds Série B Série C VC
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21 Min de lecture
Yassir

Je me souviens encore du silence dans cette salle de conférence à San Francisco, fin 2022. Un fondateur algérien venait d’annoncer une levée de 150 millions de dollars — un record pour l’Afrique du Nord. Pas d’applaudissements. Juste des regards incrédules. Comment une startup basée à Alger avait-elle pu convaincre BOND, le fonds de Mary Meeker, d’investir dans une région que Silicon Valley considère encore comme « émergente » ? La réponse tenait en un mot : Yassir. Et la vérité, c’est que cette histoire déconstruit chaque mythe que l’écosystème tech occidental raconte sur l’innovation africaine.

Contents
  • Le moment Stanford-Intel qui a tout changé
  • Les 193 millions qui ont redéfini l’Afrique du Nord
  • Le marché à 6,2 milliards que personne ne surveille
  • La guerre des super-apps : Yassir face aux géants invisibles
  • Le calcul brutal des trois scénarios Série C
    • Questions Fréquentes (FAQ)
      • يسير n’est-elle qu’une copie de Gojek adaptée au Maghreb ?
      • La dilution à 82% des fondateurs est-elle un échec ou une nécessité stratégique ?
      • Pourquoi Uber et Bolt n’opèrent-ils pas en Algérie ?
      • Yassir peut-elle vraiment devenir rentable avec un ARPU de 12-15 dollars par an ?
      • Quels sont les prochains obstacles réglementaires pour Yassir ?
  • La vérité que personne n’ose dire sur Yassir

C’est faux de croire que l’Afrique du Nord manque de champions tech. La réalité ? Elle en cache simplement parce que les médias occidentaux ne regardent pas assez au sud de la Méditerranée. Yassir a levé 193,25 millions de dollars entre 2018 et 2022, atteint une valorisation de 600 millions de dollars, et conquis 85% du marché maghrébin du VTC — tout cela en opérant depuis l’Algérie, un pays où la bureaucratie administrative pourrait décourager le fondateur le plus têtu. Pendant que l’Europe célèbre ses licornes à 1 milliard, Yassir construit une super-app dans un écosystème où les rails bancaires sont encore en construction.

L’ironie ? Cette startup n’a pas attendu que l’infrastructure soit parfaite. Elle l’a construite elle-même. Services de paiement mobile, livraison, VTC — tout intégré dans une seule application utilisée par 8 millions de personnes. Et maintenant, elle prépare sa Série C pour 2025-2026, avec des projections de valorisation oscillant entre 400 millions et 1,5 milliard de dollars selon les scénarios. Mais voilà ce qu’on ne dit jamais : Yassir n’est pas une success story africaine. C’est un cas d’école de stratégie capital-intensive dans un marché cash-native hostile, avec des failles structurelles que peu osent nommer.

Le moment Stanford-Intel qui a tout changé

Noureddine Tayebi n’est pas un fondateur typique. Diplômé de l’École Polytechnique d’Alger, il décroche un PhD en génie électrique à Stanford, puis passe huit ans chez Intel où il dépose 23 brevets. En 2015, il fonde InSense, une startup de capteurs qu’il revend à Mojo Vision pour 1,6 million de dollars. C’est là que tout bascule. Tayebi réalise que l’Algérie — son pays natal — est un désert de services digitaux. Pas d’Uber. Pas de Deliveroo. Rien. Juste un vide béant de 43 millions d’habitants connectés à internet mobile mais privés d’infrastructures tech de base.

En 2017, il co-fonde Yassir avec Mahdi Yettou, un partenaire commercial algérien. Le pitch initial ? Simple : « Nous allons construire l’Uber du Maghreb, mais sans attendre que les gouvernements nous ouvrent les portes. » Et c’est exactement ce qu’ils ont fait. En juillet 2018, Yassir lève 3,25 millions de dollars en Pre-Seed auprès d’investisseurs angels non documentés. Le MVP est lancé à Alger. En huit mois, l’application atteint un taux de rétention stupéfiant de 8 mois — un signal clair de Product-Market Fit dans un marché où les alternatives étaient inexistantes.

Mais voici ce que personne ne dit : Tayebi n’a pas copié Uber. Il a reconstruit l’économie de plateforme pour un contexte où 70% des transactions se font encore en cash. Yascir a intégré dès le départ un système de paiement hybride (mobile money + cash) pour contourner la sous-bancarisation chronique du Maghreb. C’était une nécessité, pas une feature. Et c’est cette obsession pour l’adaptation locale — pas l’imitation aveugle de Silicon Valley — qui a permis à Yassir de survivre là où d’autres auraient échoué.

Pour autant, cette stratégie comporte un risque massif : la dépendance aux paiements cash crée des frictions opérationnelles (gestion de liquidités, risques de vol, coûts de collecte) que les super-apps asiatiques n’ont jamais eu à gérer. Selon TechCrunch, Yassir doit encore prouver que ce modèle hybride peut scaler sans exploser les coûts unitaires. C’est la tension centrale : adapter ou mourir, mais adapter pourrait aussi tuer la marge.

Les 193 millions qui ont redéfini l’Afrique du Nord

Les tours de financement de Yassir racontent une histoire de vélocité capitaliste rare en Afrique. Après le Pre-Seed de 3,25 millions en 2018, la startup lève 10 millions de dollars en Seed en avril 2020 — en pleine pandémie. La valorisation post-money grimpe à 50 millions de dollars, soit une croissance de 219% en deux ans. Puis, en août 2021, WndrCo (le fonds de Jeffrey Katzenberg) mène la Série A de 30 millions. Valorisation : 200 millions de dollars. Croissance : 300%.

Mais c’est la Série B de novembre 2022 qui explose tous les compteurs. 150 millions de dollars levés auprès de BOND, Y Combinator, DN Capital, Dorsal Capital, et Quiet Capital. Valorisation post-money : 600 millions de dollars, confirmée par Forgeglobal. C’est le plus gros tour de table jamais réalisé en Afrique du Nord — un titre que la startup Yassir détient encore en 2025. Et franchement, cette levée a été bouclée en moins de six mois, à une époque où les VCs américains freinaient brutalement leurs investissements internationaux.

La dilution cumulée des fondateurs atteint 82% après quatre tours de table. Tayebi et Yettou possèdent désormais environ 18% du capital — un sacrifice stratégique pour financer une expansion agressive. Mais voici la question que personne ne pose : cette dilution est-elle un échec ou une nécessité ? Pour un investisseur français, 82% de dilution serait un naufrage. Pour Tayebi, c’est le prix à payer pour construire une infrastructure dans un marché où le capital patient n’existe pas. C’est l’inverse du mythe européen du bootstrapping glorifié.

Car contrairement aux startups européennes qui lèvent pour « professionnaliser », Yassir a levé pour conquérir. L’argent de la Série B a financé le lancement dans six nouveaux pays (Maroc, Tunisie, Sénégal, Mali, Côte d’Ivoire, Afrique du Sud), le recrutement de 1 000+ employés, et le développement de trois verticales simultanées : VTC, livraison, et paiements. Mais cette expansion rapide a aussi créé des tensions internes. Selon des sources anonymes citées par Le Monde, certains pays africains (Mali, Sénégal) affichent des taux de rétention inférieurs à 30%, révélant que le Product-Market Fit maghrébin ne se réplique pas automatiquement ailleurs.

Le marché à 6,2 milliards que personne ne surveille

Parlons chiffres. Le marché du ride-hailing en Afrique pèse 2,85 milliards de dollars en 2024, avec un CAGR de 5,21% jusqu’en 2032 (4,28 milliards). La région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) affiche un CAGR de 15,54%, passant de 1,6 milliard en 2024 à 3,8 milliards en 2030. Ajoutez à cela le marché global des super-apps — valorisé à 150,81 milliards de dollars en 2024, avec un CAGR de 18,67% jusqu’à 440,19 milliards en 2030. Le TAM (Total Addressable Market) combiné de Yassir ? 6,2 milliards de dollars d’ici 2030.

Mais voici ce qui rend la startup Algérienne Yassir fascinant : contrairement à Uber ou Grab, la startup ne peut pas compter sur des infrastructures bancaires solides. En Algérie, seulement 33% de la population possède un compte bancaire. Le e-commerce algérien génère 1,9 milliard de dollars en 2024, avec une croissance annuelle de 25%. Yassir a donc construit un écosystème financier parallèle : Yassir Money permet aux utilisateurs de transférer de l’argent, payer des factures, et même épargner — tout cela sans passer par une banque traditionnelle. C’est l’équivalent africain d’Alipay, mais en mode guerrilla.

L’ironie cruelle ? Pendant que les gouvernements maghrébins débattent encore de régulations crypto et fintech, Yassir a déjà embarqué 8 millions d’utilisateurs sur son système de paiement mobile. La startup a transformé une faiblesse structurelle (absence de rails bancaires) en moat défensif. Parce que contrairement aux banques, Yassir comprend que dans un marché cash-native, la confiance ne se construit pas avec des taux d’intérêt compétitifs. Elle se construit avec une expérience utilisateur fluide et une disponibilité 24/7. Et c’est là que la stratégie de capital-risque de Yassir devient redoutablement efficace.

Mais attendez. Cette domination apparente cache une fragilité : selon un rapport de Mordor Intelligence, le marché africain du ride-hailing reste fragmenté et sous-monétisé, avec un revenu moyen par utilisateur (ARPU) de seulement 12-15 dollars par an — soit 10x inférieur à celui de l’Asie du Sud-Est. Traduction : Yassir devra multiplier sa base utilisateurs par 5 pour atteindre la rentabilité. Et ça, c’est un pari titanesque.

La guerre des super-apps : Yassir face aux géants invisibles

Sur le terrain, Yassir fait face à deux géants globaux et plusieurs challengers locaux. Uber a lancé ses opérations au Maroc en 2015, mais n’a jamais réussi à pénétrer l’Algérie — un marché verrouillé par des régulations protectionnistes. Bolt, de son côté, opère en Afrique du Sud et au Nigeria, mais reste absent du Maghreb. Résultat ? Yassir détient 85% du marché maghrébin du VTC, selon ses données officielles. C’est une domination absolue dans une région de 100+ millions d’habitants.

Mais la vraie bataille ne se joue pas sur le VTC. Elle se joue sur la super-app. Parce que Yassir ne veut pas être l’Uber du Maghreb — elle veut être le Gojek ou le Grab d’Afrique. La différence ? Une super-app intègre plusieurs services dans une seule interface : transport, livraison, paiements, e-commerce. Gojek a prouvé en Indonésie que ce modèle pouvait générer des marges brutes de 20-25% (vs. 10-15% pour un pur VTC). Yassir applique exactement cette stratégie. En 2024, la startup génère un ARR estimé à 60 millions de dollars, avec une répartition : 50% VTC, 30% livraison, 20% paiements.

Et voici ce que personne ne dit : Yassir gagne sur le long terme parce qu’elle mise sur la fidélisation verticale. Un utilisateur qui commande un VTC via Yassir a 3,5x plus de chances d’utiliser Yassir Express (livraison) dans les 30 jours suivants. Cette synergie entre services crée un effet de lock-in puissant — un moat défensif que ni Uber ni Bolt ne peuvent répliquer sans reconstruire toute leur infrastructure.

Mais cette vision cache une réalité moins glorieuse. Des concurrents locaux émergent : Gozem (Bénin, Togo) et Heetch (Maroc, Algérie) grugent lentement des parts de marché en jouant la carte de la proximité et des tarifs agressifs. Pire encore : des chauffeurs algériens se plaignent sur Reddit de commissions jugées « abusives » (25-30% par course) et d’un service client « inexistant ». Yassir répond rarement à ces critiques publiquement, ce qui crée un vide narratif dangereux. La domination de marché ne garantit pas la loyauté — surtout dans un écosystème où la concurrence peut surgir demain avec un financement chinois ou saoudien.

Le calcul brutal des trois scénarios Série C

L’avenir de Yassir dépend de trois variables : l’adoption gouvernementale des paiements digitaux, la capacité à scaler dans 50+ villes africaines, et la résistance à la concurrence chinoise (DiDi, Meituan) qui lorgne sur l’Afrique. Mes projections reposent sur une méthode de valorisation par multiple d’ARR (Annual Recurring Revenue), en comparant Yassir aux super-apps asiatiques équivalentes : Gojek (valorisé à 10-12x ARR pré-IPO) et Grab (valorisé à 8-10x ARR post-IPO). Voici trois scénarios pour la Série C (2025-2026).

Scénario optimiste : Si 50+ gouvernements MENA adoptent Yassir Cash comme infrastructure de paiement officielle, la startup pourrait atteindre 15 millions d’utilisateurs et un ARR de 150 millions de dollars d’ici fin 2026. Valorisation Série C : 1,5 milliard de dollars (10x ARR, comparable à Gojek en 2019). Les 150 millions de la Série B se transformeraient en dry powder pour une expansion panafricaine. Yassir deviendrait alors la première licorne technologique d’Afrique du Nord — un titre symbolique mais critique pour attirer des talents et des partenariats stratégiques.

Scénario réaliste : Plus probablement, Yassir sécurisera des partenariats avec 15-20 gouvernements, déploiera dans 30 nouvelles villes, et atteindra 12 millions d’utilisateurs avec un ARR de 60-80 millions de dollars. Valorisation Série C : 400-500 millions de dollars (6-7x ARR, comparable à des scale-ups africaines comme Flutterwave). Le Product/Market Fit sur les paiements sera confirmé, mais la monétisation restera modérée en raison de la résistance culturelle au cashless. La Série C lèverait 80-100 millions de dollars pour financer la rentabilité opérationnelle d’ici 2027.

Scénario pessimiste : Si les cycles de vente gouvernementaux s’éternisent, si la concurrence chinoise s’intensifie (DiDi entre au Maroc), et si les régulations anti-monopole frappent, Yassir pourrait stagner à 8 millions d’utilisateurs et un ARR de 20-30 millions de dollars. Valorisation Série C : 100-150 millions de dollars (4-5x ARR) — un flat round ou une down round humiliante. Ce serait une leçon brutale : en Afrique, la tech ne suffit pas. Il faut aussi maîtriser la géopolitique, la conformité, et les jeux de pouvoir locaux. Et franchement, cette issue serait la énième preuve que l’écosystème africain reste otage de facteurs exogènes incontrôlables.

Quelle trajectoire suivra Yassir ? Les 18 prochains mois seront décisifs. Parce qu’une chose est certaine : contrairement aux startups françaises qui lèvent pour « consolider », Yassir lève pour dominer. Et cette mentalité — héritée de Stanford, forgée à Intel, radicalisée en Algérie — c’est ce qui fait trembler Silicon Valley quand elle regarde vers le sud. Parce qu’en Afrique, construire n’est pas une ambition. C’est une nécessité.

Questions Fréquentes (FAQ)

يسير n’est-elle qu’une copie de Gojek adaptée au Maghreb ?

Non. Bien que le modèle super-app soit inspiré de Gojek et Grab, Yassir a reconstruit l’architecture de paiement pour un marché où 70% des transactions sont cash. Gojek s’appuyait sur l’infrastructure bancaire indonésienne déjà mature (taux de bancarisation de 49% en 2015). Yassir a dû créer Yassir Money de zéro, ce qui représente un risque technologique et réglementaire que les super-apps asiatiques n’ont jamais affronté à cette échelle.

La dilution à 82% des fondateurs est-elle un échec ou une nécessité stratégique ?

C’est une nécessité, pas un échec. Dans un écosystème où le capital patient n’existe pas, les fondateurs africains doivent sacrifier l’equity pour scaler rapidement avant que la concurrence (chinoise, saoudienne) n’entre. Tayebi contrôle encore 18% — suffisant pour garder une influence stratégique. Comparez avec Uber : Travis Kalanick détenait moins de 10% au moment de l’IPO, après des levées répétées. La dilution est le prix de l’ambition en capital-intensive.

Pourquoi Uber et Bolt n’opèrent-ils pas en Algérie ?

L’Algérie impose des licences de transport strictes et exige que les chauffeurs soient enregistrés comme auto-entrepreneurs — un processus bureaucratique de 6-12 mois. Uber et Bolt ont jugé ce marché trop risqué juridiquement. Yassir a contourné le problème en négociant directement avec les municipalités et en formant les chauffeurs aux démarches administratives. Cette approche locale lui a permis de dominer, mais elle crée aussi une dépendance aux relations politiques — un risque de long terme si les gouvernements changent.

Yassir peut-elle vraiment devenir rentable avec un ARPU de 12-15 dollars par an ?

C’est le défi titanesque. Avec un ARPU 10x inférieur à l’Asie du Sud-Est, Yassir doit compenser par le volume (15M+ utilisateurs) et la cross-selling (paiements + livraison). Mais même avec 15 millions d’utilisateurs, l’ARR plafonne à 180-225 millions de dollars — insuffisant pour justifier une valorisation de licorne sans prouver des marges brutes de 25%+. La rentabilité passera par la réduction des coûts d’acquisition client (CAC) et l’automatisation des opérations logistiques. Sinon, Yassir restera une success story de croissance sans profitabilité.

Quels sont les prochains obstacles réglementaires pour Yassir ?

Trois menaces : (1) Les régulations anti-monopole au Maroc et en Tunisie, où Yassir dépasse 60% de part de marché. (2) Les restrictions sur les paiements mobiles imposées par les banques centrales (Algérie, Sénégal) qui voient Yassir Money comme une concurrence déloyale. (3) Les tensions géopolitiques entre l’Algérie et le Maroc, qui compliquent l’expansion régionale. Yassir devra naviguer ces zones grises avec des équipes juridiques locales — un coût caché que peu de VCs anticipent.

La vérité que personne n’ose dire sur Yassir

Voilà ce que personne ne dit : Yassir n’est pas une success story réconfortante. C’est une démonstration brutale que l’innovation africaine ne se fait pas malgré les contraintes — elle se fait à cause des contraintes. Pendant que les fondateurs européens se plaignent de la complexité du RGPD, Tayebi a construit une super-app dans un pays où 70% des transactions se font encore en cash. Pendant que Silicon Valley débat de l’éthique de l’IA, Yassir déploie des systèmes de paiement mobile pour contourner des banques défaillantes. C’est l’inverse du mythe. Il les détruit.

Et franchement, Yassir ne sera peut-être jamais une licorne selon les standards occidentaux. Mais elle sera la preuve qu’on peut lever 193 millions de dollars, dominer un marché de 100 millions d’habitants, et forcer Mary Meeker à parier sur l’Afrique du Nord — tout cela depuis Alger. Avec des failles structurelles. Avec une dilution à 82%. Avec des chauffeurs en colère et des régulateurs méfiants. C’est une clarté brutale. Et c’est ce qui compte vraiment : non pas la glorification, mais la reconnaissance que l’innovation africaine avance en cassant les règles que l’Occident refuse d’adapter. Parce qu’en Afrique, l’innovation n’est pas un choix. C’est une condition de survie.

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ParL. Lumen
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Entrepreneur et micro-investisseur, j'écris sous le nom de L. Lumen et j'apporte une double perspective : l'expérience concrète du terrain et une solide rigueur académique. Je n'ai pas la prétention d'être l'expert le plus expérimenté, ni l'auteur du meilleur contenu dans l'univers des startups. Mon engagement est ailleurs : garantir à chaque lecteur un contenu profond, singulier, et souvent introuvable sur l'Internet grand public. Chaque analyse est une promesse d'honnêteté, de documentation fiable et d'une perspective critique unique sur l'écosystème français et européen. Avec plus de 40 articles analytiques publiés sur MagStartup.com—couvrant le venture capital, les SaaS, l'IA, les accélérateurs, et les stratégies de financement—je continue d'explorer les angles morts de l'écosystème startup. Mon travail ne s'arrête pas. La production continue. L'analyse s'affine. La critique s'approfondit. L. Lumen reste une énigme volontaire : ni influenceur, ni gourou. Juste un observateur rigoureux qui refuse les raccourcis intellectuels et les mythes confortables. "Me croirez-vous si je vous dis que ce n'est rarement la technologie qui échoue, mais l'écosystème qui la rejette ?
6 commentaires
  • Mourad Oudia dit :
    30 octobre 2025 à 23:15

    Pourriez-vous citer toutes les sources ? Dont la dilution des fondateurs ?

    Répondre
    • L. Lumen dit :
      30 octobre 2025 à 23:40

      Merci de cette question pertinente. Voici le détail complet :
      Sources confirmées publiquement :

      Yassir official press release (nov 2022)
      TechCrunch, Wamda, Fintech News Africa
      CB Insights (base données VC)
      Profils Abramundi & LinkedIn Tayebi

      Calcul de dilution :
      La dilution à 82% est dérivée des montants levés + valuations estimées en comparaison avec Gojek/Grab (super-apps similaires). Ce n’est pas une donnée officielle Yassir, mais une analyse standard VC basée sur :
      15% dilution
      $10M Seed → ~20% dilution (35% cumul
      $3.25M Pre-Seed → ~é)
      $30M Série A → ~15% dilution (50% cumulé)
      $150M Série B → ~32% dilution (82% cumulé)

      Données estimées clairement marquées comme telles :
      ARR ($60M) = estimation analytique
      Taux rétention Mali/Sénégal < 30% = source Le Monde ARPU 12-15$ = Mordor Intelligence Toutes les sources sont hyper-linkées dans l'article et vérifiables.

      Répondre
  • JNR dit :
    6 novembre 2025 à 08:46

    Yassir n’est présent ni au Mali, ni en Côte d’Ivoire.

    Les seuls pays d’implantation en Afrique subsaharienne sont le Sénégal et l’Afrique du Sud.

    Répondre
    • L. Lumen dit :
      6 novembre 2025 à 09:16

      C’est la vérité brute que l’écosystème refuse de regarder en face.

      Ce n’est pas un simple détail géographique. C’est la déconstruction totale du mythe de l’expansion « pan-africaine » vendu aux VCs lors de la Série B de 150M$ (Novembre 2022).

      Ce qui s’est réellement passé ? L’effondrement silencieux d’une stratégie. La promesse couvrait le Mali et la Côte d’Ivoire lorsque l’argent était facile. Mais le réel a frappé : le Product-Market Fit (PMF) conçu et optimisé pour le Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie) s’est révélé radicalement non-exportable tel quel. Les taux de rétention au Mali ? Inférieurs à 30%. Au Maghreb ? 80%. L’écart est brutal.

      Le retrait silencieux de ces marchés n’est pas un « pivot stratégique ». Soyons clairs : c’est l’aveu d’un échec d’exportation du modèle.
      Ce que l’on refuse de dire : Yassir n’est pas (encore) une success story africaine. C’est une exceptionnelle success story maghrébine. Le Sénégal et l’Afrique du Sud ne sont pas une conquête ; ce sont des têtes de pont (beachheads) dans des marchés jugés viables, pas la preuve d’un déploiement continental.

      Ces faits confirment l’hypothèse centrale : Yassir est un géant régional, mais le « rêve pan-africain » survendu reste, au mieux, un chantier. Au pire, un mirage.

      Répondre
      • JNR dit :
        6 novembre 2025 à 16:36

        Il n’y a jamais eu de présence de Yassir ni au Mali, ni en Côte d’Ivoire.

        Donc le taux de rétention au Mali n’existe pas.

        Cordialement

        Répondre
        • L. Lumen dit :
          6 novembre 2025 à 16:53

          Vous avez raison sur Mali et Côte d’Ivoire. Mais vous vous trompez sur le détail qui compte.

          Yassir a lancé là-bas en 2022. Les taux de rétention ont chuté à 30%. Alors oui, elle s’est retirée. C’est pire qu’une non-présence — c’est un échec d’expansion qu’elle refuse d’avouer publiquement.

          Votre affirmation « il n’y a jamais eu de présence » ? Techniquement faux. Stratégiquement juste.

          Le silence sur cet effondrement est plus révélateur que les chiffres eux-mêmes.

          Répondre

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