TL;DR : Sur les startups ayant levé en seed, seule une minorité atteint la Series A : Crunchbase observe environ 12 % de conversion en deux ans pour la cohorte Q1 2022 (vs 31,8 % pour Q1 2020). En 2025, lever 2 M€ sans métriques solides est risqué—sauf en DeepTech/Hardware où le seed finance la R&D. Ce guide analyse 11 deals français récents (médiane 2 M€), déconstruit le premium des secteurs capital-intensifs et montre pourquoi la traction prime sur le pitch. Verdict : levez le minimum requis, validez en 15 mois, ou pivotez.
- Qu’est-ce que le Seed Funding ? Définition Opérationnelle
- Les Montants seed Réels Fin 2025 : 11 Deals France Décryptés
- Le Premium des Secteurs Capital-Intensifs : Rationnel ou Toxique ?
- France vs Reste de l’Europe : Ordres de Grandeur
- Burn Rate et Runway : Pensez Carburant, Pas Réservoir
- Scénario 1 : SaaS B2B en croissance (5-7 personnes)
- Scénario 2 : HealthTech avec R&D (4-6 personnes)
- Scénario 3 : IA / Infrastructure (4-5 personnes + GPU)
- La Chute des Taux de Conversion : Données Sourcées
- Les Biais Structurels du Capital : Implications Opérationnelles
- 5 Règles d’Or du Seed Funding
- Règle 1 : Lève le minimum requis par ton secteur
- Règle 2 : La charge de preuve, c’est la traction
- Règle 3 : Valide avant de lever (sauf DeepTech)
- Règle 4 : Méfie-toi des « jumbo rounds »
- Règle 5 : Prépare la Series A dès le mois 10
- Prospective 2025-2027
- FAQ
- Quelle est la différence réelle entre Seed et Series A ?
- Combien de temps dure une levée Seed ?
- À quelle valorisation lever en Seed ?
- Puis-je lever Seed sans Pre-Seed ?
- Quels investisseurs ciblent le Seed en France ?
- Le Seed IA est-il vraiment 2-3× plus élevé ?
- Ce Que Je Retiens
Imaginons un cas type, représentatif de patterns observés dans l’écosystème : une startup lève environ 2 M€ en seed, célèbre sur LinkedIn, et 19 mois plus tard, cherche désespérément un acquéreur. Malgré un runway confortable de 30-40 mois, l’équipe n’a jamais résolu son équation de vente. Avec seulement 12 K€ de MRR au mois 19, la sanction du marché est mathématique : pas de traction, pas de Series A.
Voilà le vrai drame du Seed Funding en 2025. Ce n’est pas qu’on lève mal. C’est qu’on lève sans comprendre les probabilités réelles de conversion vers la Series A.
Le narratif dominant du capital-risque affirme : « Lever une seed, c’est valider que vous pouvez scaler. » Dans beaucoup de cas, c’est une illusion. Selon une analyse Crunchbase de juin 2024, le taux de conversion seed → Series A en deux ans est passé de 31,8 % pour la cohorte Q1 2020 à environ 12 % pour la cohorte Q1 2022. Cette chute illustre une pression compétitive croissante : le nombre de deals seed a augmenté fortement, tandis que les opportunités Series A n’ont pas suivi dans les mêmes proportions.
Les données Crunchbase (extraction novembre 2025) révèlent 11 deals seed en France sur la période octobre-novembre 2025. Montant médian : 2 M€. Montant moyen : 4,6 M€. Cette asymétrie cache une réalité : quelques « jumbo rounds » dans les secteurs capital-intensifs (IA, CleanTech, FinTech infrastructure) tirent la moyenne vers le haut, pendant que la majorité des fondateurs lèvent entre 1,3 et 3 M€.
Cet article analyse les données réelles du seed funding, pas les fantasmes médiatiques. Si vous avez déjà exploré notre analyse du Love Money ou notre étude sur dix années de financement pre-seed, vous savez que la réalité du financement startup est rarement celle qu’on vend.
Méthodologie et limites
Sources principales : Crunchbase (extraction 14/11/2025, filtres : France, funding type = Seed, période oct-nov 2025), Crunchbase News (analyse seed → Series A, juin 2024), Atomico State of European Tech 2024.
Limites : Crunchbase n’est pas exhaustif (deals non annoncés, erreurs de classification seed vs early-stage). Les taux de conversion seed → Series A varient selon les cohortes, définitions et périodes d’observation. L’échantillon France couvre oct-nov 2025 uniquement.
Ce que ces stats ne disent pas : biais de survie, délais variables entre tours, définitions changeantes selon les bases de données.
Qu’est-ce que le Seed Funding ? Définition Opérationnelle
Le Seed Funding est le premier tour de financement institutionnel significatif. Il intervient après le pre-seed (idée → MVP) et avant la Series A (traction → scale). L’objectif : transformer un MVP fonctionnel en produit avec traction mesurable.
La vraie différence entre ces phases, c’est ce que vous avez prouvé. Le Pre-Seed paie pour une idée et une équipe prometteuse. Le Seed paie pour une équipe qui a montré qu’elle peut construire un produit fonctionnel. Mais seule la Series A paie pour une machine à cash qui tourne déjà. Si vous n’avez pas compris cette nuance, votre valorisation ne vous protégera pas.
En pratique, le seed est un pari sur la capacité d’exécution. Les VCs investissent dans une équipe qui a prouvé qu’elle peut construire—mais pas encore qu’elle peut vendre à grande échelle. C’est la nuance que beaucoup de fondateurs ignorent, et c’est là que la plupart se plantent. Les 43 incubateurs parisiens ne vous expliquent pas toujours cette distinction avec suffisamment de clarté.
Quelques ordres de grandeur pour situer les phases : en pre-seed, attendez-vous à des tickets de 100 K€ à 500 K€ avec un runway de 6-14 mois. En seed, les montants typiques en France oscillent entre 1 M€ et 3 M€, avec un runway de 18-30 mois. La Series A démarre généralement à partir de 3 M€ et peut dépasser 10 M€. Ces fourchettes sont issues des données Atomico 2024 (qui montre une médiane seed européenne autour de 2-3 M€) et des baromètres publiés par France Invest sur l’early-stage en France.
Les Montants seed Réels Fin 2025 : 11 Deals France Décryptés
Les données Crunchbase (extraction 14 novembre 2025, requête : funding_type=Seed, country=France, announced_date entre 01/10/2025 et 14/11/2025) révèlent 11 rounds seed documentés. Tous les montants sont en euros tels que reportés :
| Rang | Startup | Montant (€) | Date | Secteur | Source |
|---|---|---|---|---|---|
| 1 | The Mobile-First Company | 10 M€ | 30 oct. 2025 | Mobile B2B | Crunchbase |
| 2 | Tsuga | 9,2 M€ | 5 nov. 2025 | CleanTech | Crunchbase |
| 3 | altrove AI | 9,2 M€ | 31 oct. 2025 | IA / Infrastructure | Crunchbase |
| 4 | Faktus | 9 M€ | 30 oct. 2025 | FinTech B2B | Crunchbase |
| 5 | Freeda | 3,4 M€ | 5 nov. 2025 | SaaS B2B | Crunchbase |
| 6 | CGREEN | 2 M€ | 7 nov. 2025 | CleanTech | Crunchbase |
| 7 | Avnear | 2 M€ | 4 nov. 2025 | SaaS B2B | Crunchbase |
| 8 | Paage | 2 M€ | 12 nov. 2025 | SaaS B2B | Crunchbase |
| 9 | Nolt | 1,7 M€ | 5 nov. 2025 | SaaS B2B | Crunchbase |
| 10 | GOUD Santé | 1,3 M€ | 10 nov. 2025 | HealthTech | Crunchbase |
| 11 | Hoora | 1,2 M€ | 6 nov. 2025 | FinTech B2C | Crunchbase |
Les statistiques clés révèlent une distribution asymétrique. Le montant minimum observé est de 1,2 M€ (Hoora), le maximum de 10 M€ (The Mobile-First Company). La médiane s’établit à 2 M€, tandis que la moyenne atteint 4,6 M€—tirée vers le haut par quatre « jumbo rounds » dépassant 9 M€. Le premier quartile (Q1) est à 1,7 M€, le troisième quartile (Q3) à 9 M€. Cette dispersion (Q3 = 5,3× Q1) illustre la polarisation du marché.
Pour comprendre les nuances du Love Money et son rôle avant le seed, consultez notre analyse dédiée.
Le Premium des Secteurs Capital-Intensifs : Rationnel ou Toxique ?
Les startups dans les secteurs capital-intensifs (IA infrastructure, CleanTech, FinTech infrastructure) lèvent en moyenne 2 à 3× plus que les autres en seed. Ce n’est pas un « premium IA » isolé—c’est un premium lié aux besoins en capital structurels.
Les coûts compute pour les startups IA peuvent rapidement atteindre des dizaines de milliers d’euros par mois selon le type de modèle (training vs inference), les volumes, et les accords cloud. Les startups CleanTech ont besoin de laboratoires et d’équipes scientifiques. Les FinTech infrastructure font face à des coûts réglementaires et d’intégration élevés.
Quand le premium est rationnel
Le premium se justifie quand les barrières à l’entrée sont réelles (IP, régulation, infrastructure propriétaire), quand le cycle de développement est intrinsèquement long (biotech, hardware, deeptech), et quand la traction pré-seed existe déjà (premiers clients, LOIs, partenariats). Dans ces cas, les VCs acceptent des tickets élevés car le capital est une condition nécessaire au développement du produit.
Quand le premium devient toxique
Le premium devient dangereux quand il finance un overfunding avant Product-Market Fit (brûler 5 M€ pour découvrir qu’il n’y a pas de marché), quand il crée un burn forcé par les attentes des investisseurs (obligation de croître vite pour justifier la valorisation), ou quand il masque un défaut de modèle économique (lever gros pour compenser des unit economics défaillants). Deux indicateurs simples pour distinguer les deux : votre burn est-il directement lié à des coûts structurels (compute, R&D, compliance) ou à du marketing/recrutement prématuré ? Vos métriques d’engagement/usage progressent-elles proportionnellement à votre burn ?
Voici les fourchettes observées sur notre échantillon de 11 deals :
| Secteur | Fourchette Seed (€) | Exemples de l’échantillon |
|---|---|---|
| IA / Infrastructure | 3 – 10 M€ | altrove AI : 9,2 M€ |
| CleanTech / DeepTech | 2 – 9 M€ | Tsuga : 9,2 M€, CGREEN : 2 M€ |
| FinTech B2B / Infra | 1,5 – 9 M€ | Faktus : 9 M€ |
| SaaS B2B | 1,5 – 3,5 M€ | Freeda : 3,4 M€, Paage/Avnear : 2 M€, Nolt : 1,7 M€ |
| HealthTech | 1 – 2,5 M€ | GOUD Santé : 1,3 M€ |
| FinTech B2C | 1 – 2 M€ | Hoora : 1,2 M€ |
Les « jumbos » (9 M€+) ne sont pas concentrés sur l’IA seule. Tsuga (CleanTech) et Faktus (FinTech) atteignent des niveaux comparables à altrove AI. Ce qui les unit : des besoins en capital élevés dès le départ. Notre analyse de Mistral AI montre l’ampleur de ce premium à l’échelle des licornes.
France vs Reste de l’Europe : Ordres de Grandeur
Les données Atomico State of European Tech 2024 permettent de situer la France dans le contexte européen. Atomico rapporte une médiane seed européenne autour de 2-3 M€, avec des variations significatives selon les pays et les définitions utilisées.
En France, le montant médian seed oscille entre 1,5 et 2,5 M€ selon les sources et les périodes (notre échantillon nov. 2025 donne 2 M€). L’Allemagne et le UK affichent des niveaux comparables. Les pays nordiques tendent vers le haut de la fourchette européenne, tirés par leurs écosystèmes FinTech et DeepTech.
L’écart France-Europe reste modéré. Ce qui distingue vraiment les écosystèmes, c’est la profondeur du marché post-seed. Ce constat rejoint notre analyse du portefeuille Blast.Club (26 startups).
Burn Rate et Runway : Pensez Carburant, Pas Réservoir
Avec 2 M€ levés en seed, combien de temps pouvez-vous survivre ? La réponse dépend du secteur, mais aussi de votre ambition de croissance.
Pensez au Seed comme au carburant pour décoller de la piste, et à la Series A comme au ravitaillement en vol. Si vous chargez trop de carburant (trop de cash) sur un petit avion (MVP non validé), vous êtes trop lourds pour décoller avant la fin de la piste. Le but n’est pas de remplir le réservoir, mais d’avoir juste assez de puissance pour atteindre l’altitude de croisière où le ravitaillement devient accessible.
Scénario 1 : SaaS B2B en croissance (5-7 personnes)
Seed levée : 2 M€. Burn mensuel réaliste pour une startup en mode acquisition active : 40-50 K€/mois. Runway théorique : 40-50 mois. Mais l’objectif n’est pas de survivre 4 ans—c’est d’atteindre les métriques Series A en 18-24 mois. Si votre go-to-market dépend de sales et de paid acquisition, un burn significativement plus bas peut signaler un sous-investissement. Néanmoins, les modèles PLG ou bootstrappés fonctionnent avec des burn plus faibles.
Scénario 2 : HealthTech avec R&D (4-6 personnes)
Seed levée : 1,5 M€. Burn mensuel : 50-70 K€/mois. Runway : 21-30 mois. Le piège : les cycles réglementaires sont imprévisibles. Prévoyez une marge de 6 mois minimum.
Scénario 3 : IA / Infrastructure (4-5 personnes + GPU)
Seed levée : 5 M€. Burn mensuel : 100-150 K€/mois (équipe + compute variable selon training vs inference et accords cloud). Runway : 33-50 mois. Mais lever 5 M€ crée une pression de résultat proportionnelle. Les attentes varient selon les investisseurs, mais un MRR significatif (souvent à 6 chiffres pour les cas les plus exigeants) peut être attendu avant la Series A.
C’est la réalité que les méthodes de valorisation startup ne vous disent pas clairement : le runway théorique ne prédit rien. Seule la vélocité vers le Product-Market Fit compte.
La Chute des Taux de Conversion : Données Sourcées
Voici la réalité que personne ne veut entendre : dans les cohortes récentes, seule une minorité des startups seed atteint la Series A. Selon l’analyse Crunchbase de juin 2024, le taux de conversion seed → Series A en deux ans est passé de 31,8 % (cohorte Q1 2020) à environ 12 % (cohorte Q1 2022).
Cette chute n’est pas nécessairement un échec de qualité—c’est une pression compétitive structurelle. Crunchbase souligne aussi la hausse des seed rounds ≥ 5 M$ (1 695 en 2021, 2 248 en 2022), ce qui augmente mécaniquement la pression sur le passage en Series A. Une partie des startups seed ne cherche jamais de Series A (bootstrap, M&A précoce, pivot), mais celles qui la cherchent font face à une sélection accrue.
Cas Réel : Y Combinator France
Notre analyse des 29 startups françaises YC (2020-2023) révèle un pattern instructif. Toutes sont classées « actives » sur Crunchbase au moment de notre extraction (novembre 2025), mais 72 % restent au stade Pre-Seed/Seed sans tour ultérieur documenté. Seules 5 sur 29 (17 %) ont levé Series A ou plus. Et 5 startups captent 64 % du capital total.
Le label YC améliore les chances—c’est indéniable. Mais même avec ce tampon prestigieux, la majorité des startups françaises restent bloquées en seed. La comparaison avec les 58 startups UK YC et les 24 startups allemandes YC confirme ce pattern pan-européen.
Ce Qui Prédit Réellement la Series A
Le montant seed levé prédit peu de choses. Les signaux typiquement regardés par les VCs Series A sont : le MRR et sa croissance mensuelle, le CAC payback inférieur à 12 mois, la rétention nette supérieure à 100 %, et dans une moindre mesure le label accélérateur (améliore les chances, ne garantit rien).
Une startup levant 1,5 M€ seed avec 300 customers et un MRR croissant a généralement bien plus de chances en Series A qu’une levant 4 M€ sans traction mesurable. C’est ce que les observations de marché suggèrent.
Les Biais Structurels du Capital : Implications Opérationnelles
Pourquoi en parler ici ? Parce que la « charge de preuve » n’est pas évaluée de manière uniforme : certains profils doivent sur-documenter la traction pour obtenir le même niveau de confiance.
Selon le baromètre BCG x SISTA de décembre 2025 (6ème édition, périmètre européen), les équipes 100 % féminines représentent 10 % des startups fondées mais ne captent que 2 % des fonds levés. Les équipes mixtes représentent 9 % des créations et 13 % des montants. Le rapport note également que les équipes féminines restent sous-représentées aux stades avancés : de 8 % des levées au stade angel/pré-seed à moins de 1 % des séries D+.
Ces biais structurels ont des implications opérationnelles concrètes pour les fondatrices et fondateurs sous-représentés :
- Prioriser les warm intros via des réseaux comme SISTA, Femmes Business Angels, ou les programmes dédiés de Bpifrance
- Sur-documenter la traction avec des preuves chiffrées solides (CAC, LTV, rétention) pour compenser les biais implicites
- Cibler les fonds explicitement engagés sur la diversité (signataires de la Charte SISTA, par exemple)
- Considérer des co-investisseurs qui apportent crédibilité et réseau complémentaire
Ce n’est pas une excuse—c’est une réalité structurelle à intégrer dans votre stratégie de levée.
5 Règles d’Or du Seed Funding
Règle 1 : Lève le minimum requis par ton secteur
Il est tentant de vouloir lever le maximum, c’est un réflexe naturel d’insécurité. Pourtant, c’est souvent une erreur stratégique. Chaque euro levé en seed se traduit par une dilution immédiate. Si vous levez 2 M€ sur une valorisation pré-money de 6 M€, vous cédez 25 % de votre capital. Si 1,5 M€ suffisait, vous auriez cédé 20 %—soit 5 points d’equity préservés.
Les fourchettes raisonnables par secteur (France, 2025) : SaaS B2B standard : 1,5-2,5 M€. HealthTech avec R&D : 2-3 M€. IA/Infrastructure compute-heavy : 3-6 M€ selon les besoins.
Règle 2 : La charge de preuve, c’est la traction
Les VCs seed acceptent un MVP imparfait avec 50+ customers validés, une équipe junior mais avec un track record de shipping rapide, un marché apparemment petit si la croissance est explosive. En revanche, ils rejettent systématiquement les pitchs magnifiques sans customer et les équipes « all-stars » sans proof of execution.
Le pitch deck ne détermine pas le seed. Le CAC payback inférieur à 12 mois le fait. Comme Pappers l’a démontré avec 492 K€ de profit sans levée de fonds : parfois, la meilleure preuve de traction, c’est la rentabilité.
Règle 3 : Valide avant de lever (sauf DeepTech)
Pour les modèles PLG et SaaS SMB, envisagez d’avoir 50-100 customers payants avant de lever votre seed. Les startups levant trop tôt découvrent leurs problèmes de Product-Market Fit sous pression VC. Celles avec customers itèrent naturellement.
Exception majeure : en DeepTech, Biotech ou Hardware, vous ne pouvez pas avoir de customers avant d’avoir un produit. Dans ces cas, le seed finance la R&D, pas la traction commerciale. Les VCs le savent et adaptent leurs attentes. Le Love Money et le pre-seed servent précisément à financer cette phase.
Règle 4 : Méfie-toi des « jumbo rounds »
Lever 5 M€+ en seed crée des attentes démesurées. Les startups levant 1,5-2 M€ font face à des attentes plus réalistes. Psychologiquement et stratégiquement, vous réussissez plus facilement avec des objectifs atteignables.
Exception : si vous avez besoin de compute intensif ou d’études cliniques, des montants plus élevés peuvent être justifiés. Sinon, restez dans la fourchette 1,5-2,5 M€.
Règle 5 : Prépare la Series A dès le mois 10
La plupart des startups seed-funded stagnent entre les mois 18 et 30. Elles brûlent leur capital sans conviction, dans l’espoir qu’une Series A surviendra.
Timeline recommandée : mois 6-9, construisez des relations avec 5-10 VCs Series A. Mois 10-12, évaluez honnêtement vos métriques—si elles sont insuffisantes, pivotez maintenant. Mois 12-15, si les conversations Series A n’ont pas démarré sérieusement, prenez une décision binaire : pivot radical, M&A, ou shutdown propre. Ne zombifiez pas.
Blast.Club applique cette philosophie de vélocité décisionnelle avec ses participations.
Prospective 2025-2027
Scénario 1 : Compression continue
Taux d’intérêt élevés, LPs prudents. La compétition pour les Series A s’intensifie. Seules les startups avec traction prouvée lèvent. Les startups en « zombie mode » se multiplient.
Scénario 2 : Stabilisation
L’écosystème trouve un nouvel équilibre. Montants seed stables autour de 2-3 M€ en France. C’est le scénario que suggèrent les tendances d’acquisition SaaS français.
Scénario 3 : Nouvelle vague IA
Euphorie AGI/agents relance les mega-rounds. Les tickets seed IA dépassent 10 M€ pour les équipes exceptionnelles. Paris comme hub européen du Generative AI pourrait bénéficier de ce scénario.
FAQ
Quelle est la différence réelle entre Seed et Series A ?
Le seed finance la validation de la traction (MVP → customers payants). La Series A finance le scale. Concentrez-vous sur vos métriques, pas sur l’étiquette du round.
Combien de temps dure une levée Seed ?
En moyenne 4-8 mois. Variance énorme : 6 semaines (fondateurs YC avec traction) à 12 mois (premiers fondateurs sans réseau). Prévoyez 6 mois minimum.
À quelle valorisation lever en Seed ?
En France, généralement 4-12 M€ pré-money selon le secteur et la traction. Les 7 méthodes de valorisation donnent des résultats très différents. Visez 70-80 % de détention fondateurs après le round.
Puis-je lever Seed sans Pre-Seed ?
Possible mais plus difficile. Les VCs Seed préfèrent voir un tour antérieur (Love Money ou pre-seed) comme preuve de capacité d’exécution.
Quels investisseurs ciblent le Seed en France ?
Les incubateurs parisiens (AGORANOV, Station F), les micro-VCs (Kima Ventures, Frst, 50 Partners), les fonds early-stage (Breega, Elaia, Partech), et Bpifrance. Les incubateurs régionaux offrent des alternatives moins dilutives.
Le Seed IA est-il vraiment 2-3× plus élevé ?
En ordre de grandeur, oui—mais c’est plus précisément un « premium capital-intensif » qui s’applique aussi à la CleanTech et la FinTech infrastructure. altrove AI (9,2 M€), Tsuga (9,2 M€) et Faktus (9 M€) illustrent ce premium.
Ce Que Je Retiens
Le Seed Funding en 2025 n’est pas une célébration. C’est une étape exigeante dans un environnement où les taux de conversion seed → Series A ont chuté : Crunchbase observe un passage de 31,8 % (Q1 2020) à ~12 % (Q1 2022), mesuré sur deux ans. Le montant levé ne prédit presque rien. Seule la traction compte.
Si j’étais fondateur en 2025, je lèverais le montant sectoriel minimum, je validerais rapidement mon Product-Market Fit, puis je prendrais une décision claire au mois 12-15 : conversations Series A actives, ou pivot/M&A/shutdown. Pas de « zombie mode ».
N’attendez pas le miracle : optimisez pour la rentabilité, ou prenez une décision nette (pivot, M&A, shutdown). C’est moins confortable, mais beaucoup plus rationnel.

